2021 : les céréaliers ont pris l’eau, la moisson fortement impactée
Si les arboriculteurs et viticulteurs ont souffert du gel et parfois des incendies, les céréaliers eux ont épongé la pluie. Des précipitations qui ont retardé la moisson tout en limitant les récoltes pour cette année
Ils s’inquiétaient très fort fin juillet. Les céréaliers de France ont senti le vent tourner durant l’été, alors qu’une grande partie du pays a été confrontée entre juin et juillet à des pluies sérieuses. A l’époque, on observe des précipitations excédentaires, des records sont battus entre la vallée du Rhône, les Ardennes et la Bretagne. Il est parfois impossible de rentrer un tracteur dans les champs, les parcelles sont inondées. Si les moissons ont débuté dans de nombreuses régions en juillet, les retards ont été parfois conséquents
Prémices d’une année compliquée dès le printemps
En avril dernier, nous étions partis à la rencontre d’un agriculteur dans les Hauts-de-France, près de Senlis (Oise). L’agriculteur spécialisé dans le colza s’inquiétait alors du froid. « Certains plants, certaines fleurs sont déjà brûlées », expliquait Vincent Boucher au sein de son exploitation. Il faut dire que la nature avait répondu à l’appel de la météo, après une importante période de douceur/chaleur sur la France fin mars. Des records sont battus, le colza prend de l’avance. Mais début avril, le thermomètre plonge. Les gelées sont de retour. Un froid vif et vicieux apporte une température bien inférieure à 0°C le matin. Les valeurs atteignent les -6°C, parfois les -7°C dans certaines plaines de France. Premier coup dur
La pluie absente de longues semaines
Si le mois d’avril a été froid, il a aussi été très sec. Dans les exploitations, on craignait de revivre une année de sécheresse agricole. Certains évoquent un été sans pluie. Il faut dire que le déficit de pluviométrie se rapproche des 100% dans certaines localités pour ce 4ème mois de l’année. Presque pas une goutte de pluie en 30 jours en Bretagne. Tout l’inverse en revanche autour de la Méditerranée qui souffrira ensuite d’un manque d’eau. Météo France affirmait en début d’année que le trimestre février-mars-avril 2021 était l’un des plus secs. En troisième position sur la période de référence 1981-2010.
Pluies, orages et inondations ensuite
Comme une réponse à des semaines de sécheresse, le temps a tourné à l’orage entre mai et juin. Des records de précipitations sont battus sous les cellules orageuses les plus importantes dans le Centre-Est. Le 10 mai dernier, il tombe 106 mm de pluie à la station météo de Lyon-Bron (Rhône). Un record en moins de 24h. Plus au nord, un flux d’Ouest maritime, doux et perturbé s’installe sur la France. Une pluie salvatrice saluée par les agriculteurs qui s’inquiétaient du manque d’eau. La météo restera très humide au mois de juin avec 50% de précipitations excédentaires en moyenne sur le territoire. L’instabilité permet à de nombreux orages de se développer, à la pluie de tomber, bien que certaines localités passent encore entre les gouttes.
La moisson prend du retard, l’été prend l’eau
« La pluie a gagné le match face au soleil », ainsi était intitulé l’un de nos articles à la fin du mois de juillet. Il faut dire que le ciel s’est assombri. Un peu trop. Alors que l’été 2020 a battu des records de sécheresse et parfois de températures, ce mois de juillet a été le moins chaud depuis 2014 et l’un des plus pluvieux.
En moyenne, on recense entre 8 et 15 jours de précipitations sur l’hexagone durant le mois. L’instabilité, installée sous la forme d’une goutte froide en Allemagne, provoque d’importantes précipitations dans l’Est du pays. Il tombe alors entre 1 et 3 mois de pluie en peu de temps. Les nuages gagnent la bataille sur un soleil qui s’absente de plus en plus. Une mauvaise nouvelle pour les céréaliers débutant la moisson, certains engins se retrouvent bloqués dans la boue des champs
Si l’humidité excessive a impacté les rendements et la qualité des récoltes, certains exploitants ont réussi à limiter la perte. Dans différents rapports des chambres d’agriculteurs, l’orge d’hiver, le colza ont réussi à faire face aux aléas de la météo cette année. Constat plus hétérogène en revanche pour l’orge de printemps, le blé dur ou le blé tendre. Côté maïs, les voyants étaient au vert ces dernières semaines malgré une moisson tardive à cause du mauvais temps. Les professionnels restent cependant prudents quant à la qualité de la céréale.
par Kévin Floury