Météo locale VS nationale : vers une connaissance pointue des impacts sur ses cultures

Le vent aura-t-il cessé demain matin ? Combien de mm sont tombés cette nuit ? Ai-je des risque d'être atteint par le gel ?

Quel agriculteur ne s'est jamais posé l'une de ces questions ? Le climat a toujours été un facteur clé dans le succès ou l'échec d'une culture. Il s'agit d'un paramètre contre lequel on ne peut souvent pas lutter, mais l'enregistrer et le prévoir peuvent s'avérer les meilleurs alliés pour s’adapter efficacement.

Les stations météorologiques ont toujours été présentes dans le quotidien des professionnels du secteur agricole, mais elles peuvent être un faux allié si elles ne sont pas représentatives de l'emplacement réel de l'exploitation et n'enregistrent donc pas la réalité climatique de la parcelle. Heureusement, les progrès technologiques mettent aujourd'hui à la disposition de l'agriculteur une gamme de capteurs et de stations modulaires, indépendants et mobiles qui permettent de suivre une grande variété de données climatiques.

Différencier les typologies de climat

Il suffit de parler cinq minutes à un agriculteur pour que le mot microclimat soit employé. Toutefois, pour comprendre sa véritable signification, il faut commencer par définir ce qu'est le climat, ainsi que ses différences et ses limites par rapport au macro, au méso et au microclimat.

Climat

Lorsque nous parlons de climat, nous faisons référence au terme générique utilisé pour désigner le résultat à long terme (plusieurs dizaines d'années) des conditions météorologiques dans différentes zones de la planète, qui peuvent être affectées par de multiples variables. Il peut s'agir de variables d'origine naturelle comme la latitude, les courants d'eau et de vent, ou la topographie du milieu, mais aussi de variables d'origine humaine comme le réchauffement climatique et l'activité humaine. Les valeurs moyennes enregistrées permettent la classification climatique de chaque zone : continentale, méditerranéenne, tropicale, etc.

Macroclimat

Lorsque nous passons au niveau suivant dans l'échelle géographique de la caractérisation climatique d'une zone, nous parlons de macroclimat, qui est défini comme le résultat des variations annuelles de la température et des précipitations, dans la même ceinture latitudinale. Sont donc englobés des grandes surfaces de plusieurs centaines de kilomètres.

Macroclimat: les températures maximales au 1er août 2022 en France, Provence- Alpes-Côte d’Azur. / Source : Sencrop

Mésoclimat

Lorsque nous voulons nous référer aux conditions climatiques d'une zone plus petite, comme des collines, des parcelles un groupement de parcelles, le terme le plus exact serait mésoclimat. Celui-ci est influencé par l'orientation, l'occupation des sols, les mouvements d'air et les masses d'eau dans les environs, voire le couvert végétal et la densité de biomasse. En effet, ces différences et nuances rencontrées localement peuvent entraîner des écarts importants dans la phénologie et le développement des cultures.

Microclimat

Lorsque nous parlons de microclimat, nous nous référons aux conditions climatiques d'une parcelle spécifique, ou même de certaines parties au sein de celle-ci. En plus des variables mentionnées ci-dessus, d'autres variables entrent en jeu, telles que le vent, l'inversion thermique, l'humidité relative, etc., qui sont principalement affectées par la topographie de la parcelle et les caractéristiques de la culture elle-même.
En effet, le microclimat est déterminé par plusieurs facteurs propres à la culture, tels que le pourcentage de couverture végétale, la densité de la culture, l'humidité entre les rangs, le rayonnement utile reçu ou encore l'état de santé de la culture. Les gelées sont un exemple clair de la diversité des microclimats que l'on peut trouver dans une parcelle, car ce sont des événements qui peuvent se produire dans des zones très spécifiques où l'accumulation d'humidité et le manque d'air favorisent ce phénomène. L'une des principales raisons pour lesquelles le recours aux stations météo privées a considérablement augmenté est que les moyens de lutte contre le gel nécessitent un système d'alerte précis et fiable situé dans les zones les plus vulnérables.

Microclimat: exemple de pluviométrie et hygrométrie sur un champ de vignes. Source: Sencrop

Les effets du climat à l’échelle mésoclimatique

Les effets du changement climatique sur les cultures d'une région peuvent être positifs ou négatifs en fonction des caractéristiques du climat et des cultures implantées.

En général, dans les zones de haute latitude, une augmentation des températures favorise la production, car dans le climat actuel, les cultures présentes sont limitées par les basses températures printanières et la courte période de croissance en absence de gel. Cependant, dans la plupart des régions, une augmentation des températures actuelles exerce une pression négative sur les rendements des cultures en accélérant le développement des cultures et en laissant ainsi moins de temps pour leur développement. L'impact du changement climatique à l'échelle mésoclimatique dépendra donc de la culture. En général, il existe un contraste important entre les avantages potentiels des régions du nord de l'Europe et les inconvénients des régions du sud de l'Europe. Des augmentations de température qui allongeraient la saison de croissance des cultures sont prévues dans des régions où le potentiel des cultures est aujourd'hui limité par le froid, et le changement climatique pourrait donc y être considéré comme avantageux pour le rendement des cultures au global.

Au contraire, dans les principales régions de production agricole actuelles en Europe, des températures plus élevées provoquent une maturation plus précoce des cultures et raccourcissent la période de remplissage des grains et des fruits, ce qui entraîne des réductions de rendement qui ne sont pas toujours compensées par des adaptations au niveau de l’itinéraire cultural.

Les applications agronomiques à tirer des conditions climatiques

Une fois les différents niveaux d'étude du climat définis, on peut s'interroger sur l'importance du suivi des paramètres climatiques à différentes échelles et sur l'utilisation et les conclusions que l'on peut tirer, d'un point de vue agronomique, des données recueillies.

De la conception de la plantation à l'application sélective d'intrants, la climatologie à toutes les échelles peut servir de base à la conception d'une plantation et aux conclusions que l'on peut tirer des données recueillies, d'un point de vue agronomique.

Comme décrit précédemment, la caractérisation climatique globale d'une zone de production permet d'établir des tendances climatiques à long terme afin de comprendre le potentiel agronomique de la zone. Au fur et à mesure que l'on progresse dans le filtre géographique, de nouvelles variables apparaissent, qui doivent être prises en compte lors de la plantation d'une nouvelle plantation, mais aussi avant chaque intervention.

La connaissance météo au niveau national

En général, la caractérisation du macroclimat s'est faite grâce à la mise en place de réseaux météorologiques nationaux et régionaux qui, selon les pays, ont été installés le long du siècle dernier (ex: Meteo France, DWD en Allemagne...). Ces stations permettent de collecter et de stocker des données journalières, d’accès gratuit.

Le principal avantage de ces stations publiques est l'historique disponible (plus de 50 ans dans certains pays), leur accessibilité facile via les sites internet et l’entretien, plus ou moins qualitatif selon les sites, qui est effectuée par les autorités régionales ou nationales. Cependant, leur faible densité géographique est leur principale contrainte. Généralement situés dans des zones centriques de chaque département, ils peuvent être distants de plusieurs centaines de kilomètres. Cela signifie que les données collectées proviennent souvent de stations situées en zone urbaine, ce qui facilite leur entretien mais ne leur permet pas de refléter la réalité du mésoclimat et, par conséquent, du microclimat.

Ils permettent cependant d'obtenir une cartographie intéressante à l'échelle nationale ou régionale, ce qui est essentiel lors de la réalisation d'une étude climatique pour l'implantation d'une culture et pour déterminer ses besoins climatiques, car nous obtenons des indicateurs climatiques calculés sur des périodes allant de 10 à 30 ans, tels que les intégrales thermiques, les heures de froid, mais aussi les bilans thermiques, qui sont essentiels pour comprendre la répartition des variations tout au long du cycle végétatif des cultures. Ces indicateurs, en plus d'être un outil précieux pour le choix du matériel végétal, permettent de déterminer des caractéristiques essentielles comme la densité de plantation ou la conception du système d'irrigation.

Il s’agit aussi d’un outil important qui permet aux coopératives et aux différents acteurs de comprendre et d’expliquer les variations de rendement et à adapter les itinéraires culturaux à grande échelle.

La connaissance météo au niveau local

Depuis plusieurs années, les progrès technologiques ont permis de mettre à disposition des agriculteurs, pour un usage privé, une grande gamme de capteurs et de stations dont les prix varient principalement en fonction du nombre de capteurs disponibles, de l'alimentation énergétique et du type de transmission des données.

La démocratisation de leur utilisation permet d’aller vers une gestion parcellaire, ce qui a un impact direct sur la quantité d'intrants utilisés et l'efficacité de chaque intervention. En effet, comme décrit précédemment, le couvert végétal et la densité de la biomasse produite par la culture sont des paramètres qui affectent le méso et le microclimat, ce qui signifie qu'il n'est pas possible d'adapter l'itinéraire cultural en fonction de ces paramètres sans disposer d'informations objectives sur les conditions climatiques dans chaque situation. Dans ce type de cas, l'utilisation de stations météorologiques placées dans les parcelles permet de répondre aux problèmes de réduction des intrants et d'amélioration de la gestion de l'eau auxquels tous les agriculteurs sont confrontés dans le contexte actuel.

Combien de capteurs dois-je installer dans mon exploitation?

C'est l'une des principales questions que se pose un agriculteur avant d'équiper son exploitation. La réponse doit tenir compte de plusieurs points :

  • Le premier est le budget disponible
  • Le deuxième est la capacité logistique disponible, car il n'est pas intéressant d’équiper plusieurs parcelles si les interventions vont se faire de manière groupée pour des raisons pratiques
  • Le dernier point est la capacité de digestion et analyse des données. En effet, les données climatiques prennent de la valeur avec le temps car elles permettent d'enregistrer des tendances, mais elles nous donnent aussi des informations précieuses en temps réel sur les niveaux de risque des ravageurs et des maladies voire sur le stress hydrique, mais l'agriculteur doit être suffisamment réactif pour pouvoir en tirer parti.

La météorologie de précision est devenue le premier maillon de la digitalisation du secteur agricole car elle permet de multiples avantages au regard du faible investissement initial, permettant ainsi un retour sur investissement rapide.

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