La sécheresse menace déjà en France
La pluie est la grande absente de ces dernières semaines. Après un hiver globalement sec, la menace d’une sécheresse en France se précise de jour en jour.
La pluie a été discrète. Alors que le soleil brille généreusement sur la France depuis plusieurs jours, les agriculteurs sont inquiets face à l’absence de pluie. Difficile d’imaginer le retour de quelques gouttes de pluies dans les prochains jours, en tout cas pas avant le milieu de semaine prochaine. Une observation météo inquiétante alors que le printemps revient et que la saison appelée « de recharge » se termine. Une période, très importante où l’on retrouve habituellement des pluies salvatrices pour la nature et la terre. S’étendant entre septembre et mars, les pluies parfois abondantes, permettent de générer des réserves en eau, afin d’alimenter les nappes phréatiques et les bourgeons du printemps. En effet, dès que les beaux jours reviennent, la végétation et les cultures viennent alors capter cette eau de pluie malheureusement trop peu importante depuis de longues semaines. Sur cette image, les déficits pluviométriques depuis septembre dernier sont impressionnants. Ils atteignent les 30 à 50% dans de nombreuses zones du Centre-Ouest, en région Grand-Est ainsi qu’entre Corse et continent.
À quoi s'attendre et quels sont les risques pour les cultures ?
L’absence de pluie provoque la sécheresse des sols
Comme expliqué en début d’article et l’année dernière, alors que la sécheresse menaçait à nouveau, l’automne et l’hiver sont deux saisons importantes pour préparer printemps et été en vue des récoltes. Sur le réseau Sencrop, les précipitations ont été quasiment absentes ces trois derniers mois en France, comme en plaine d’Alsace.
Des pluies trop rares ne permettant pas de recharger au mieux les nappes phréatiques sur le territoire. De nombreuses régions ont atteint « des niveaux modérément bas », d’après le dernier point de situation opéré par l’Office Français de la Biodiversité avec BRGM. Les observations sont déjà inquiétantes dans le Sud-Est, entre la Gironde et la Vendée ou encore dans certaines parties du Centre-Est où les niveaux sont jugés « bas ».
Dans le Grand-Est, la pluie se fait désirer. Sous la station Météo France de Colmar (Alsace), les sols sont secs. Le graphique d’indice d’humidité des sols est parlant, avec une prévision d’évolution qui laisserait tendre à un niveau encore plus faible d’ici la première quinzaine du mois d’avril. Même constat dans de nombreux cours d’eau en France, qui voient leur débit plonger sous la normale depuis la fin de l’hiver. La région Pays-de-la-Loire est concernée mais aussi le Languedoc-Roussillon d’après les données remontées par la DREAL (direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) Grand Est.
Le soleil omniprésent depuis le début de l’année
Un soleil de tous les records ? Si la pluie manque en Alsace, le soleil pas du tout. D’après les données de Météo France récemment mises à jour, Strasbourg a enregistré le soleil durant 350h entre le 1er janvier 2022 et le 23 mars dernier. Record battu d’une heure sur cette période confirme l’organisme public de prévisions. Même chose à Luxeuil (Haute-Saône) ainsi qu’à Calais (Pas-de-Calais) avec entre 368h et 380h d’ensoleillement enregistrées pour ces deux stations. Un manque d’eau et une omniprésence du soleil expliqués par « la succession de blocages anticycloniques sur le nord de l’Europe depuis le début de l’année », détaille Météo France. Des hautes pressions qui viennent jouer le rôle de barrière face aux dépressions repoussées au large de la France et de nombreux autres pays européens.
par Kévin Floury