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Avec 15 jours d’avance, la moisson 2022 se termine : une situation inédite en France

Avec 15 jours d’avance, la moisson 2022 se termine : une situation inédite en France

Avec près de deux semaines d’avance, la moisson 2022 vient de se terminer sur une grande partie de la France. Quelques récoltes sont toujours en cours dans le Nord et l’Est du pays. Une année inédite pour de nombreux exploitants agricoles. Décryptage et analyse avec Daniel Louazel, conseiller technique pour la Chambre d’Agriculture de Charleville-Mézières en région Grand-Est.

Kevin Floury :

Pour commencer très simplement, quel bilan tirez-vous de la moisson 2022 en Grand-Est et plus largement en France ?

Daniel Louazel :
C’est hétérogène. Il y a des disparités en fonction des types de sol et en fonction des territoires. On a de très bonnes récoltes sur les colzas, les rendements sont bons. Il n’y a pas eu d’attaque d’insectes permettant leur croissance. Le colza est allé au bout de son processus de développement. Autre exemple, l’orge d’hiver : les rendements peuvent être bons mais avec un taux de protéines plus élevé que d’habitude.

Vous parlez de l’importance des « types de sols » : ils ont joué quel rôle cette année ?

Les types de sols sont en lien direct avec la météo. On a assisté à un début de printemps plutôt sec sur des zones où les sols ont une réserve hydrique limitée. Résultat, au moment de l’arrivée de la végétation, elle a souffert. Pour les cultures, on le constate sur les blés. Dans des sols plus profonds en revanche, mieux positionnés d’un point de vue hydrique, cela s’est mieux passé. Il existe aussi des disparités de récoltes en lien avec les dates de semis choisies par les agriculteurs.

La sécheresse est préoccupante dans de nombreuses régions actuellement. A-t-elle joué un mauvais rôle sur les rendements de cette moisson 2022 ?

La sécheresse a été préoccupante sur toutes les cultures, notamment en sortie d’hiver. Mars et avril ont été très inquiétants avec des céréales d’hiver qui étaient en début de montaison. Pour le maïs, on a assisté à des levées très échelonnés à cause de la sécheresse. On a donc observé de grandes différences dans des parcelles où des graines qui étaient au sec ne sortaient pas. Il a fallu attendre les pluies de juin pour permettre leur croissance. Des orages ont éclaté sur de nombreuses régions, dans le Nord-Est, ces pluies ont plutôt été bénéfiques. D’autres territoires ayant été frappés par des orages plus violents.

Avec 15 jours d’avance, la moisson 2022 vient de se terminer. Que retenez-vous de cette année exceptionnelle en termes de précocité de récoltes ?

Tout le monde s’interroge sur le futur de la météo et du climat. 3 années de sécheresse de suite, puis un été 2021 très arrosé. On observe aussi une sécheresse précoce ou un gel tardif, des gros coups de chaleur en plein cœur de l’hiver au mois de février. Ce qui est difficile, c’est que ces problèmes météo pour l’agriculture ne se répètent jamais au même moment, ni avec la même intensité. L’anticipation devient difficile. Il faut savoir être opportuniste et profiter de certaines situations. Cette année en cette fin juillet, la moisson 2022 est quasiment terminée. On a gagné 15 jours par rapport aux années précédentes. En ce qui concerne ma région, et notamment les Ardennes, je ne suis pas certain d’avoir eu une floraison de maïs aussi précoce... en 23 ans de présence dans le territoire.

Les agriculteurs s’interrogent-ils à faire évoluer leurs types de cultures ? Leur date de semis face au changement climatique ?

Le choix des espèces et des dates de semis jouent un rôle très important. On remarque d’ailleurs que les cultures implantées à l’automne arrivent avec des cycles de compensation plus importants et donc avec des capacités de rattrapage plus élevées si les conditions météo ne sont pas bonnes. Il faut aussi malheureusement constater une baisse continue de matières organiques dans les sols à cause, souvent, du manque d’intercultures l’été à cause de la sécheresse. Moins d’humus dans le sol, c’est moins de rétention d’eau. Et pourtant la lutte contre la sécheresse passe aussi par cela. Une chose est certaine, la variabilité météorologique de ces dernières années interroge. Comme on dit, « le mauvais temps en agriculture, c’est le temps qui dure ».

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