Phénomène de la goutte froide depuis le début de la semaine dernière
C’est une “goutte froide” qui est venue déstabiliser la situation météorologique sur une grande partie de l’Europe de l’Ouest. Pour vulgariser ce terme météorologique, il s’agit d’une dépression se positionnant au milieu d’une zone où le temps est calme. Comme son nom l’indique, la goutte froide donne lieu à des températures très basses à 5000 mètres d’altitude. Il a fait jusqu’à -20°C ces derniers jours. Un air froid qui est venu rencontrer un air beaucoup plus doux installé dans les basses couches de l’atmosphère. C’est cette interaction entre ces deux masses d’air qui provoque les intempéries, les fortes pluies ou les orages.
La particularité de cette goutte froide a été de stagner sur la même zone depuis la première partie de semaine. Ce blocage a ainsi alimenté en pluie des régions entières durant plusieurs heures, avec des intensités de précipitations parfois soutenues. Ainsi, ces intempéries durables et répétitives ont provoqué d’importantes inondations, des coulées de boue et parfois des glissements de terrain. Facteur aggravant, les précipitations parfois excédentaires qui ont touché le nord-est de la France, l’Allemagne et la Belgique depuis le début de l’été. Les sols étaient déjà parfois gorgés d’eau empêchant l’évacuation des eaux de pluies…
L’Ouest de l’Allemagne: pluies historiques en 24h, du jamais-vu
Une cartographie de 19 325 stations Sencrop sur 24h la semaine dernière, dévoile les régions les plus touchées par les inondations : l’ouest de l’Allemagne et de la Suisse, le Luxembourg et Liège en Belgique.
A l’heure du constat, c’est de l’autre côté du Rhin qu’un important glissement de terrain a eu lieu à Cologne en Allemagne. Les pluies torrentielles qui se sont abattues sur ces régions ont provoqué des crues exceptionnelles, des rues inondées, des arbres arrachés et des champs inondés.
De nouvelles précipitations ont aggravé dans la nuit de jeudi à vendredi la situation autour des lacs et des cours d’eau en Suisse. Si le niveau de certaines rivières a diminué quelque peu cet après-midi, notamment dans le Jura, la situation est tendue dans la région de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie en Allemagne.
Pourra-t-on moissonner dans les régions les plus touchées ?
Il est difficile d’évaluer les dégâts de la semaine dernière dans les champs. Une chose est sûre, une telle saturation en eau ne permet pas de faire passer un tracteur et encore moins une moissonneuse batteuse.
Pourquoi pleut-il autant au cœur de l’été ?
La mi-juillet restera marquée par une pluviométrie record et des inondations destructrices dans certaines villes européennes. Les campagnes ne sont pas non plus épargnées par ces pluies diluviennes qui ravivent l’anxiété des agriculteurs en pleine période de moisson.
Sol saturé en eau : quelles conséquences dans les champs ?
Aux dernières nouvelles, c’est l’Indre et le Haut-Rhin qui ont été marqués par un cumul de précipitations exceptionnelles ces derniers jours. Des inondations ont eu lieu dans la soirée du 13 juillet dans ces départements. C’est parfois 70 % d’excédent de précipitations qui a été enregistré par rapport aux années précédentes.
Non ressuyés, les champs sont impraticables et le risque d’embourbement et de casse est trop élevé pour sortir le matériel agricole.
En vue du retour très probable du soleil ce week-end, le risque d’hydromorphie et d’anoxie des racines semble cependant écarté.
Retarder la moisson, quels risques ?
Arrivé à maturité, plus le blé et le maïs restent dans le champ, plus ils s’exposent aux aléas climatiques. La verse, la fusariose, la germination sur pied sont des phénomènes amenant à des pertes de rendements.
La Seine-et-Marne, la Meuse, l’Indre-et-Loire, la Charente et le Lot-et-Garonne sont des régions céréalières où il a trop plu. Conséquence : le début de la moisson 2021 est largement freinée. Dans le quart sud-est, la moisson du blé devrait battre son plein mais la météo en a décidé autrement.
La moisson est repoussée car le grain est trop humide. Moissonner dans ces conditions ne permet pas de stocker les grains dans de bonnes conditions. L’agriculteur s’expose à des frais de séchage si l’humidité est supérieure à 16 % pour les céréales et 10.5 % pour les oléagineux.
Moisson tardive et germination sur pied
Sous l’effet de l’humidité et des températures pas très élevées, les grains germent sur les épis. Conséquences : les cultures destinées à la fabrication du pain risquent d’être déclassées et vendues comme blé fourrager à un prix moindre.
Risque de verse accrue : la tige du blé va-t-elle tenir ?
Les efforts exercés sur les tiges par des épis de plus en plus lourds (par le remplissage des grains et par le chargement des épis en eau), associés à des pluies et des rafales, risquent de casser les tiges les plus fragiles. Si le soleil ne revient pas durablement pour soulager la tige, le phénomène de la verse pourrait se généraliser avec des pertes de rendement et de qualité du grain importants.
Écrit par Kevin Floury
Équipe Sencrop
Partager cet article
Une newsletter sur la météo et l'Ag-Tech
2 fois par mois, des nouvelles sur la météo agricole, l'ag-tech, et les innovations Sencrop pour vous éclairer et vous aider à prendre de meilleures décisions au quotidien. Inscrivez-vous ! 👇