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Températures : quand la France passe d’un extrême à l’autre

Températures : quand la France passe d’un extrême à l’autre

Après des records de chaleur sur la France, le froid s’est engouffré sur l’hexagone. Le retour du gel a provoqué de nombreux dégâts dans les cultures agricoles. D’importantes pertes sont annoncées.

Une série de températures… de tous les extrêmes ! Après des records de chaleur fin mars, le froid a envahi la France… en battant lui-même des records historiques. 31,6°C d’écart… c’est la différence de température enregistrée en 6 jours seulement à Beauvais, dans le département de l’Oise (Hauts-de-France). Alors que le printemps météorologique a débuté le 1er mars dernier, une importante remontée d’air chaud a dans un premier temps touché l’hexagone à la fin du mois de mars. C’est une dépression située à proximité du Portugal qui a permis à un air réchauffé de remonter vers l’Europe de l’Ouest, en particulier sur la France.

Un événement météo « exceptionnel »

Face à cette grande douceur, les prévisionnistes de Météo France qualifient « d’exceptionnel » l’épisode d’air chaud sur l’hexagone. Des records sont battus dans toutes les régions de France, à l’exception de l’Occitanie et de la Corse. Paris, a battu son record vieux de 26 ans… avec 26°C relevés le 31 mars 2021. Une valeur située 14°C au-dessus des normales saisonnières ! Ailleurs dans nos contrées, le soleil généreux et la masse d’air permettent de dépasser de précédents records de chaleur, de la vallée du Rhône aux frontières du Nord :

Lyon (Rhône) : 26°C le 31/03/2021
> précédent record : 25,7°C le 22/03/1990

Nancy (Meurthe-et-Moselle) : 26°C le 31/03/2021
> précédent record : 24,3°C le 30/03/1989

Bourg-Saint-Maurice (Savoie) : 25,6°C le 30/03/2021
> précédent record : 24,4°C le 30/03/1947

Lille (Nord) : 24,8°C le 30/03/2021
> précédent record battu la veille avec 24°C !

Les températures moyennes maximales relevées durant la dernière journée du mois de mars, sur le réseau Sencrop, témoignent de l’importance de cette vague anticyclonique douce, voire chaude.

Le lendemain, le 1er avril, la Bretagne enregistre des températures remarquables. A Brest, c’est un record de précocité qui est observé : il n’avait jamais fait aussi chaud, aussi tôt dans une année, dans la plus grande ville du Finistère. Près de 27,6°C ont été relevés ! Un peu plus au nord, toujours sur la pointe bretonne, le thermomètre affiche ce 1er avril… 26,8°C à Ploudalmezeau, dépassant le précédent record du 10 avril 2020… de 1,3°C !

D’un record à l’autre…

Si la Bretagne est préservée des records de froid dans les jours qui suivent, ce n’est pas le cas de toutes les régions. Après une période de douceur notable, c’est au tour d’une masse d’air froid, plongeant tout droit du Groenland, de toucher l’Europe de l’Ouest. La France est en ligne de mire, les différences de températures en seulement quelques jours sont spectaculaires. 31,6°C d’écart relevés à Beauvais dans l’Oise en seulement 6 jours. Cette ville située dans l’ouest du département, avait battu un record de douceur le 31 mars, avec 24,8°C ! La matinée du 6 avril, les thermomètres affichent -6,9°C, un record de froid pour le quatrième mois de l’année dans cette ville de Picardie.

Un peu partout, le froid fait la Une de l’actualité, les records s’enchaînent par dizaines. Cette fois, même la Corse et l’Occitanie sont concernées, les valeurs plongent souvent en-dessous du 0°C. Une catastrophe pour la végétation désormais en avance…

De graves conséquences pour les agriculteurs

Face au pic de douceur de la fin mars, la végétation s’est comme éveillée. Prête à s’émanciper dans la douceur du printemps. Ce coup de froid brutal, le retour d’un gel tardif, concernant toute la France est une catastrophe pour de nombreux professionnels de l’agriculture. Du monde de la viticulture, aux arboriculteurs ou aux céréaliers… les conséquences s’annoncent importantes pour la prochaine récolte. Beaucoup ont tout perdu, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes ainsi qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Certains ne récolteront pas de kiwis, de raisins ou de cerises. Plus au nord, sur les terres du colza et de la betterave, il va falloir encore patienter quelques jours pour comptabiliser les dégâts. Mais les premières alertes sont là. Certains plants, certaines fleurs « sont déjà brûlées », reconnaît Vincent Boucher (ici en photo), agriculteur à Barbery dans l’Oise (Hauts-de-France). Pour lui, le passage du chaud au froid est tout aussi historique que fatal pour certains plants de betteraves et ses fleurs ouvertes de colza. « La sève est montée pour signaler à la plante qu’elle pouvait fleurir avec la douceur… et une semaine après on se retrouve avec 20°C en moins, avec -6°C le matin, c’est rare. On a des dégâts », confie le professionnel, qui nous a accueilli au milieu de ses champs. Un peu plus au sud à Orléans, il n’avait jamais fait aussi froid pour un mois d’avril depuis 83 ans !

Orléans (Loiret) : -5,4°C le 06/04/2021
> précédent record : -4,5°C le 30/04/1938

Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) : -4,3°C le 08/04/2021
> précédent record : -3°C le 10/04/1970

Montauban (Tarn-et-Garonne) : -2,1°C le 08/04/2021
> précédent record : -1,8°C le 02/04/1967

Beauvais (Oise) : -6,9°C le 06/04/2021
> précédent record : -5,4°C le 20/04/2017

La « calamité agricole » accordée aux exploitants

87 records de froid ont été battus en ce début d’avril, pour 158 records de douceur fin mars d’après Météo France. Un mercure qui a joué au « yoyo » aux quatre coins du pays, jusque sur les bords de la grande bleue, la Méditerranée. Pour soutenir les exploitants touchés par le gel, le gouvernement a décidé d’activer le plan de calamité agricole. Il s’agit d’un fonds national d’indemnisation des pertes. Ce dispositif historique, créé en 1964, a été déclenché plusieurs fois notamment en 2011. Après une importante période de sécheresse, l’Etat avait débloqué près de 246 millions d’euros pour soutenir la filière agricole. Ce plan d’aide viendra en partie, indemniser la perte des récoltes et la perte de fonds associée. Désormais, les agriculteurs espèrent retrouver des températures de saison et un ciel sans tempête, pour récolter ce qui n’a pas été touché.

par Kévin Floury