La dispersion des produits phytosanitaires et ses impacts
Les conditions météorologiques lors d’un traitement phytosanitaire sont fondamentales. Pulvériser dans des conditions météorologiques non-favorables, c’est augmenter le risque de dispersion des produits phytosanitaires et donc réduire l’efficacité du traitement et exposer son environnement à une contamination.
Les différents types de dispersion et l’importance de données météo locales
La dispersion des produits phytosanitaires peut se faire à plusieurs niveaux. Ils peuvent être entraînés par l’air ou par l’eau et sont dispersés dans plusieurs milieux : l’atmosphère, les sols et les milieux aquatiques.
Transfert des produits phyto par l’air
Le transfert des pesticides dans l’atmosphère constitue le principal poste de dispersion de matière active dans l’environnement. Il est difficile d’estimer précisément les pertes pour un passage, mais elles peuvent être très conséquentes (jusqu’à 50%) en fonction notamment des conditions météo et du matériel de pulvérisation. On distingue les phénomènes qui ont lieu pendant l’application de ceux qui surviennent après.
- La dérive de pulvérisation
La dérive est le premier mécanisme mis en jeu lors de la pulvérisation. Il correspond à l’ensemble de la matière active transportée par le vent en dehors de la parcelle traitée lors de l’application. L’importance de la dérive est très fortement corrélée à la vitesse du vent. Elle est généralement quantifiée par dénombrement des gouttes de matière active en dehors de la parcelle traitée.
Afin de limiter la dérive, le gouvernement français a instauré un arrêté interdisant la pulvérisation avec une vitesse de vent supérieure à 19 km/h. Pour éviter les dérives, il faut réaliser les traitements quand les vents sont les plus faibles possible. Il est également interdit de traiter dans certaines zones considérées sensibles.
La dérive est fortement liée au vent, mais pas que. Elle dépend également des facteurs d’application tels que la hauteur de la rampe ou la vitesse d’avancement, ainsi que de la formulation du produit (taille des particules, densité, etc.).
- La volatilisation
Lors d’un traitement phytosanitaire, la majorité de la matière active appliquée se retrouve en contact avec le couvert végétal ou la surface du sol. La substance active doit alors être assimilée par les plantes, mais une proportion non-négligeable de celle-ci peut être volatilisée dans l’atmosphère. La volatilisation correspond au “passage d’un composé de sa phase solide, liquide, en solution aqueuse ou adsorbé sur le sol vers la phase gazeuse”. Le composé est ensuite transporté dans l’atmosphère. Ce mécanisme représente de quelques dixièmes à quelques dizaines de pourcents de pertes de matière active.
La volatilisation dépend :
- des conditions météorologiques (hygrométrie, température)
- des techniques d’application
- du type de culture
- des pratiques culturales
- des caractéristiques de la matière active
Transport des produits phytosanitaires par l’eau
Le second vecteur de transfert des produits phytosanitaires dans l’environnement est l’eau. Le risque associé aux phénomènes de transport impliquant l’eau est élevé, mais plus facilement maîtrisable. En effet, les pertes peuvent être élevées dans certaines conditions, mais grâce au suivi et aux prévisions des données météo, il est possible de réduire le risque.
- Le lessivage
Le premier mécanisme de transfert de matière active lié à l’eau est le lessivage. L’objectif d’un traitement est que le maximum de produit soit en contact avec le couvert. En cas de pluie lors du passage ou post-application, les produits peuvent être projetés à la surface du sol, ce qui correspond au lessivage. L’enjeu est plus fort pour les produits de contact qui doivent rester un temps prolongé à la surface des plantes pour les protéger. La pluie peut enlever cette couche de protection, nécessitant alors un nouveau traitement.
- Le ruissellement
Il correspond au transport de composés par les eaux de surface en dehors de la parcelle, bien souvent jusqu’à un cours d’eau. L’importance de ce phénomène est très liée aux précipitations, mais aussi aux caractéristiques du milieu, notamment à la topographie. Sur un terrain propice au ruissellement, ce dernier peut s’avérer problématique. En effet, si l’épisode pluvieux intervient rapidement après un traitement et qu’il est fort, la concentration en pesticides de l’eau qui ruisselle peut être élevée. La contamination environnementale qui en résulte peut alors être importante.
- La lixiviation
Le dernier mécanisme de transfert de produit phytosanitaire par l’eau est la lixiviation. Ce mécanisme correspond à l’entraînement en profondeur de la matière active, solubilisée dans l’eau. Les eaux d’infiltration peuvent mener la matière active jusqu’aux nappes phréatiques, qui sont alors contaminées. Le risque associé à ce phénomène est très lié à la nature du produit, en particulier sa persistance (sa durée de vie). Des fortes pluies, régulières, accentuent ce phénomène.
Les impacts de la dispersion des produits phytosanitaires
Les impacts agronomiques et financiers
Une dispersion des produits phytosanitaires signifie que l’intervention n’a pas été réalisée dans des conditions optimales et donc que son efficacité a été limitée. Cela joue un rôle direct sur les cultures, qui peuvent avoir été mal protégées. Elles peuvent alors être en danger face aux maladies et ravageurs. Cela représente un risque financier, et ce à deux niveaux :
- si les cultures sont mal protégées : elles peuvent être touchées et détruites par des maladies ou ravageurs. Il peut alors y avoir une diminution des rendements et de la qualité des récoltes.
- si les traitements doivent être à nouveau réalisés suite à une mauvaise application. Dans un contexte économique d’inflation et d’augmentation des prix des produits phytosanitaires, il est plus que nécessaire d’optimiser et de réduire le nombre d’applications.
L’enjeu économique autour des traitements phytosanitaires est élevé et une amélioration de l’efficacité des interventions peut permettre de réduire le nombre de passages. L’apport de données météo ultra-locales et la combinaison avec des OAD aident les agriculteurs dans leur stratégie de protection des cultures. Lors du traitement, le maximum de matière active doit atteindre sa cible et être assimilé pour optimiser l’efficacité du passage et limiter le risque associé.
Les impacts environnementaux
Les produits phytosanitaires, notamment par lixiviation, infiltrent les sols ce qui peut avoir de lourdes conséquences sur la faune du sol. Cela a des répercussions directes sur la structure des sols et donc leur fertilité. En effet, ce sont les organismes vivants présents dans les sols qui permettent leur aération et la formation de matière organique.
Ces produits peuvent également infiltrer les cours d’eau, comme présenté précédemment. Cela impacte directement la faune et la flore aquatique (poissons, algues, crustacés) et peut causer leur mort. On parle alors de toxicité aquatique.
Par leur dispersion dans l’air, les produits peuvent également être toxiques pour différents organismes, notamment les abeilles et autres auxiliaires de culture.
L’impact humain
Les impacts sur la santé humaine peuvent se faire de différentes manières. Il y a tout d’abord le risque lors de la pulvérisation. C’est pourquoi cette dernière est réglementée au niveau de :
- la vitesse de vent afin de limiter sa dispersion en dehors de la parcelle
- la distance aux habitations pour éviter tout impact sur le voisinage.
Il existe également un risque après pulvérisation. Il peut y avoir :
- des résidus de pesticides directement sur les aliments pouvant représenter un risque de toxicité
- un risque au niveau de la qualité des eaux qui peuvent être contaminées.
Ainsi, les mécanismes de transfert des pesticides en dehors de la parcelle sont nombreux. La prise en compte des conditions météo pour la planification des traitements est essentielle pour améliorer leur efficacité et réduire le risque environnemental. Les données météo ultra-locales fournies par Sencrop vont dans ce sens et apportent de la matière pour optimiser ses interventions. Il est également possible d’allier certains de vos OAD et les données météorologiques Sencrop pour obtenir un accompagnement encore plus précis dans vos prises de décisions.
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