Quand mes cultures risquent-elles de geler ? Le gel peut survenir à différentes périodes de l’année : automne, hiver ou encore printemps et il est parfois difficile à anticiper. C’est pourquoi les agriculteurs doivent rester attentifs aux vagues de froid de manière régulière. Les vignerons et arboriculteurs sont les plus impactés, notamment par le gel de printemps. Ce gel peut en effet mettre en péril les bourgeons qui commencent déjà à développer leurs premières pousses vertes. Une vague de froid critique au printemps risquerait alors de détruire une récolte.
Pour faire face à ces gelées, les producteurs ont accès à deux types de solutions :
la lutte indirecte (ou passive) qui consiste à prévenir les dégâts liés au gel. Il s’agit d’actions mises en place en amont de l’arrivée du gel.
la lutte directe (ou active) qui consiste à mettre en place des actions pour faire face au gel, lorsque le risque est identifié.
Les solutions indirectes de lutte contre le gel
Voici des exemples de solutions que les producteurs peuvent mettre en place en amont de l’arrivée du gel afin de limiter au maximum son impact négatif :
Le terrain
Les terrains en pente sont plus propices à l’accumulation du froid. L’air froid, plus lourd, va avoir tendance à rester en bas des pentes. Dans le cas d’un terrain en pente, il est alors conseillé d’installer des haies (et éviter de déboiser) en amont de la parcelle pour limiter l'arrivée d’air froid. Au contraire, il faut éviter l’implantation de haies en aval de la parcelle pour éviter l’accumulation d’air froid.
Le travail du sol
Un sol tassé et enherbé aura tendance à accentuer le gel. Il est donc nécessaire de maîtriser le travail de son sol.
Les pratiques agronomiques
Dans le cas des vignes, certaines variétés de cépages sont plus résistantes au gel. Pour éviter les gelées de printemps, il peut être intéressant de privilégier les cépages à débourrement tardif (par exemple: Carignan, Mourvèdre ou encore Piquepoul). La taille plus tardive des vignes facilitera ce débourrement plus lointain. Le choix des variétés est cependant restreint en fonction de la région, des AOP ou autres signes de qualité (par exemple, le vin blanc de bourgogne doit provenir des cépages suivants : chardonnay B, pinot blanc B et, de manière accessoire, du pinot gris G).
📢
Les solutions de lutte indirecte sont plus économiques que les actions directes, mais peuvent parfois être insuffisantes face à une vague critique de froid.
Les solutions directes de lutte antigel
L’aspersion
Cette technique consiste à arroser les cultures à l’aide de jets tournants. Cela permet la formation d’une poche de glace protectrice autour des jeunes feuilles et des bourgeons. C’est la solidification de l’eau qui va produire de la chaleur et empêcher l’air emprisonné dans la poche de descendre sous les - 1 °C (température de gel du bourgeon). Les cultures peuvent alors être protégées jusqu'à -6°C dans le cadre d’une aspersion de 1,5 mm à 2,5 mm d’eau par heure. Il faut continuer l’aspersion jusqu'à ce que les températures redeviennent positives.
Investissement : 8 000 à 14 000 €/ha
⚠️
Ce système nécessite des installations conséquentes, engendre une forte consommation d’eau (40 à 50 m3 /ha) et est donc onéreux, bien que très efficace.
Le brassage d’air
Le brassage peut se faire à l’aide de tours antigel fixes ou mobiles, mais également à l’aide d’un hélicoptère. L’air froid, plus lourd, reste au niveau du sol. L’objectif est donc de brasser l’air afin d’envoyer l’air chaud vers le sol. Cela permet d’uniformiser les températures en mélangeant cette couche plus chaude en altitude et cette couche froide au sol. Ce dispositif protège les cultures jusqu'à -4°C et permet généralement de gagner de 1°C environ.
Investissement :
en moyenne 40 000 € pour couvrir 5 ha pour les tours antigel
environ 200 €/ha/h pour l’hélicoptère
⚠️
Ce système est assez bruyant ce qui peut déranger le voisinage, et reste onéreux. Il n’est d'ailleurs pas efficace contre le gel advectif.
“Sencrop me permet de gérer le déclenchement des tours au dernier moment parce qu’il y a un impact sonore important des tours antigel et j’essaie de limiter l’impact au niveau des voisins” - Thibaut Henrion
Dans le cadre de terrains accumulant l’air froid dans des zones plus basses, il existe des extracteurs d’air froid. Ce dispositif permet d’aspirer l’air froid et de le rejeter à plusieurs dizaines de mètres d’altitude.
Découvrez le témoignage d’un producteur couplant l’utilisation de tours antigel et la solution météo connectée Sencrop (à 1:20) :
Le chauffage
Il permet de réchauffer l’air ambiant et peut se faire à l’aide de bougies, chaufferettes, brûleurs de gaz ou de fuel. Avec l’aspersion, le chauffage est la technique la plus répandue dans les vignobles et a été très médiatisée ces dernières années. Cette technique demande beaucoup de main d'œuvre pour l’allumage à la tombée de la nuit et la veille nocturne. Les brûleurs et chaufferettes peuvent protéger contre des températures jusqu’à -9°C et permettent un gain thermique jusqu'à 5°C. Les bougies ont une plus faible efficacité.
Investissement :
bougies : 2 500 €/ha pour 2 nuits de lutte
chaufferettes : environ 13 000 €/ha
brûleurs : 12 000 €/ha pour 10 nuits de lutte
⚠️
Ces solutions de chauffage sont plus adaptées dans le cas de petites parcelles. Dans le cas des bougies, il faut 400 bougies pour protéger 1ha pendant 8h.
Autres solutions
D’autres solutions de lutte directe existent, mais sont moins répandues. Parmi celles-ci se trouvent :
La couverture des cultures : Il n’est pas autorisé par l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité) de recouvrir les cultures de bâches antigel. Il est cependant possible de recouvrir le sol de paille ou de plastique. Attention, en cas de gel advectif, l’air froid s’accumule sous les bâches et peut donc aggraver la situation.
Le voile de fumée : Cela consiste à créer un voile opaque de fumée ou brouillard pendant la nuit d’apparition. Cette technique limite la perte de chaleur du sol par rayonnement.
Les bactéries antigel en pulvérisation foliaire. Cette technique fait encore l’objet de recherches.
Le chauffage dynamique : Ce dispositif souffle de l’air chaud et peut être mobile ou fixe. C’est un dispositif encore récent et donc peu développé.
Les câbles chauffants : Ce dispositif, commercialisé uniquement en viticulture, consiste à placer les baguettes et bourgeons de la vigne sur des câbles chauffants pour les réchauffer.
Comment mettre en place son dispositif de lutte contre le gel ?
Mettre en place une solution de lutte contre le gel nécessite dans un premier temps de choisir le moyen de lutte le plus adapté à ses besoins et ses ressources, mais également d’identifier le meilleur moment pour déclencher le dispositif.
Choisir le meilleur moyen de lutte contre le gel
Plusieurs critères sont à prendre en compte pour décider quel moyen de lutte utiliser. Voici les principaux critères :
Le type de gel : Les gels ne se formant pas tous de la même manière, ils se combattent également de manière différente. Le brassage ne vous sera par exemple d’aucune utilité contre le gel advectif. 💡Apprenez en plus sur la différence entre les différents types de gel (advectif, radiatif et évaporation).
La surface à protéger : par exemple il n'est pas conseillé de se diriger vers du chauffage à bougie pour de très grandes surfaces.
Les ressources à disposition : eau, électricité, …
La main d’œuvre disponible : par exemple il n'est pas conseillé de se diriger vers le chauffage à bougie si vous disposez de peu de main d'œuvre, surtout pour une surface conséquente.
Le coût
La topographie du terrain
Déclencher son système de lutte au bon moment
De manière générale, l’ensemble des dispositifs de lutte contre le gel sont onéreux. C'est pourquoi il est essentiel de les déclencher seulement au moment opportun afin d’assurer leur efficacité tout en limitant les dépenses. C’est pour accompagner les agriculteurs sur une meilleure gestion du risque gel que Sencrop a développé certaines fonctionnalités :
Des alertes gel pour être alerté en temps réel lorsque certaines températures sont atteintes.
Une comparaison des prévisions gel pour anticiper les risques sur les 4 jours à venir.
Le suivi des températures sèches et humides en temps réel dans vos relevés.
“Si on gel au niveau des pommes et qu'on ne peut pas protéger car on déclenche mal l'intervention, on a tout perdu” - Dennis Delannoy
En conclusion, de nombreux moyens de lutte antigel existent que ce soit de manière passive ou active. Seulement, une mauvaise identification du risque de gel peut tout de même compromettre la récolte. Pour ne plus vous laisser surprendre par le gel, des solutions de météo connectées à vos parcelles sont aujourd’hui à votre disposition et vous permettent d’identifier facilement les moments de mise en place de ces actions de lutte.
14 jours pour essayer nos fonctionnalités gel
Créez votre profil, connectez-vous à une station proche de vos parcelles et bénéficiez d’un essai gratuit, sans engagement.
ACTA - Gel et grêle en viticulture et arboriculture, état des lieux des dispositifs de protection contre les aléas climatiques, 2020. Disponible à l'adresse : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02769435/document
Chambres d'agriculture France - Protection du vignoble contre le gel de printemps, 2017. Disponible à l'adresse : https://techniloire.com/sites/default/files/plaquette-gel-printemps-apca-janvier-2018.pdf
Bureau interprofessionnel des Vins de Bourgogne - Les moyens de lutte contre le gel, 2018. Disponible à l'adresse : https://extranet.bivb.com/technique-et-qualite/publications-techniques/plaquettes-techniques/gallery_files/site/2992/3312/46552.pdf
Équipe Sencrop
Partager cet article
Une newsletter sur la météo et l'Ag-Tech
2 fois par mois, des nouvelles sur la météo agricole, l'ag-tech, et les innovations Sencrop pour vous éclairer et vous aider à prendre de meilleures décisions au quotidien. Inscrivez-vous ! 👇