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Moisson 2023 : l'impact de la météo sur les récoltes

Moisson 2023 : l'impact de la météo sur les récoltes

Après une moisson 2022 en demi-teinte – satisfaisante au nord, décevante au sud –, la récolte 2023 s'annonçait exceptionnelle. Les aléas de la météo

ont toutefois contrarié les perspectives des agriculteurs.

Cette année, les pluies de printemps ont été proches des normales saisonnières en moyenne. À l'échelle du pays, le printemps 2023 est la première saison à ne pas terminer sous les normales de précipitations depuis l'été 2021. Cependant, la moyenne nationale cache de fortes disparités régionales : le nord a souffert de la chaleur en fin de saison tandis que la pluie et les orages se sont abattus violemment sur le sud du pays. Dans les deux cas, le potentiel de récolte, qui s'annonçait exceptionnel fin mai, a reculé.

Juin : soleil au nord, orage au sud

Comme lors des derniers jours du mois de mai, le soleil et la chaleur se sont imposés sur la première quinzaine du mois de juin dans les régions du nord. Des températures jusqu'à 3 à 4 °C au-dessus des normales de saison ont été observées des bords de la Manche à la plaine d'Alsace.

Températures moyennes en France, 1er au 15 juin 2023, réseau Sencrop©
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Ces fortes chaleurs sont venues dégrader le potentiel de récolte en fin de cycle. Au 1er août, le rendement moyen national en colza était par exemple en recul de 14% par rapport à 2022, et de – 10% dans les Hauts-de-France, – 22% en Normandie et – 30% en Bretagne, d'après les données fournies directement par plusieurs milliers d'agriculteurs sur la carte collaborative Moisson Live.

Dans le sud, des orages ont balayé régulièrement de larges territoires entre le golfe de Gascogne et la Méditerranée, entraînant parfois des dégâts et des pertes de récoltes conséquentes suite à de violentes rafales de vent, d'intenses pluies et/ou des chutes de grêle. Juin 2023 se positionne ainsi à la deuxième place des mois de juin les plus orageux en France.

Ces orages ont entraîné des précipitations généreuses. D'après les données Sencrop, elles ont atteint dans de nombreux territoires du sud au moins une fois et demie la normale de précipitations cumulées calculée par Météo France. Dans les régions bordant la Méditerranée, les excédents ont pu être bien plus importants en raison des fortes pluies.

Cumuls de précipitations en France, juin 2023, réseau Sencrop©
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Les précipitations ont été salutaires pour la végétation qui souffrait d'un stress hydrique très important, mais les céréales se sont couchées (on parle de verse), rendant la moisson difficile et affectant les rendements et la qualité des récoltes.

Si les précipitations ont été excédentaires au mois de juin en France en raison des fortes pluies dans le Sud, elles se sont faites discrètes au nord de la Loire, comme le montre la carte ci-dessus. Le déficit pluviométrique a parfois atteint 70%.

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Ce temps sec a participé à la précocité de la moisson dans le nord, et la dégradation orageuse généralisée entre les 18 et 22 juin n'a pas changé la donne : de nombreux agriculteurs ont commencé (et pour certains terminé) la moisson 2023 avec près de deux semaines d'avance et le sentiment que cette précocité était la nouvelle norme.

Le mois de juillet le plus chaud de l'histoire

Le mois de juillet a débuté sous une certaine fraîcheur. Mais le thermomètre est rapidement remonté les jours suivants, avec des pointes à plus de 35-36 °C de l'Occitanie au Nord-Est, tout en concernant la vallée du Rhône, l'intérieur du pays méditerranéen ainsi que la Corse. Des orages parfois virulents ont d'ailleurs pris le relais le 11 juillet, entraînant pour la première fois dans la moitié nord de la France le lancement d'une vigilance météo rouge pour des orages annoncés comme « très violents ». Les journées suivantes ont été marquées par la chaleur, avec un nouveau pic le 14 juillet.

Températures moyennes en France, du 1er au 26 juillet 2023, réseau Sencrop©

Après la vague de chaleur, et même l'épisode caniculaire qui a touché le sud-est de la France dans la seconde partie du mois, la dernière semaine de juillet a été marquée par un temps plus frais dans le nord de la France, avec des températures souvent inférieures aux normales de saison et de fortes précipitations. Ces conditions sont venues retarder la moisson. La pluie a en revanche été presque inexistante dans l'extrême Sud-Est sur les 30 derniers jours.

Cumuls de pluies en France, du 1er au 26 juillet 2023, réseau Sencrop©

Juillet 2023 a été à l'échelle mondiale extrêmement chaud, à tel point qu'il s'agit du mois de juillet le plus chaud jamais enregistré sur la planète. Un constat fait par de très nombreux exploitants agricoles du sud de la France, dont les thermomètres ont flirté avec les 40 °C plusieurs après-midi de suite.

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Pour les agriculteurs, la pluie, qui lessive les sols, et la sécheresse, qui grille les grains, risquent d'amener une partie de leur récolte de blé meunier à être déclassée en blé fourrager. Dans le sud du pays, c'est la double peine : la chaleur augmente le risque d'incendie et la pénibilité du métier.

Premier bilan de la moisson

Alors que la récolte des cultures d'hiver touche à sa fin, le bilan est certes moins bon que celui qui était envisagé fin mai, mais meilleur qu'en 2022. D'après les données fournies directement par les agriculteurs sur la carte collaborative Moisson Live :

  • Le rendement moyen national de l'orge d'hiver s'élève à 7,6 t/ha, en augmentation de 5% par rapport à 2022;
  • Le rendement moyen national du colza est de 3,4 t/ha, en recul de 14%;
  • Sur les 60% de blé tendre récoltés au 1er août, le rendement moyen national s'élève à 7,5 t/ha, en hausse de 4%.
Cliquez sur cet article pour consulter le bilan météorologique de l'hiver 2022-2023.

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