Si la sécheresse a régulièrement menacé les récoltes ces dernières années, les précipitations répétées et excédentaires des derniers mois ont entraîné des difficultés pour la moisson de nombreux agriculteurs. Le point sur la situation.

Des précipitations très (voire trop) généreuses

Une bonne nouvelle pour les nappes phréatiques : les précipitations ont été très généreuses ces derniers mois. Mais en météo on le sait, il est toujours difficile de trouver le temps idéal. Encore plus depuis l’automne 2023, où les pluies ont été quasi permanentes.

Les pluies très abondantes du printemps ont causé des retards de semis. Dans les parcelles semées, les intempéries ont parfois noyé les cultures. « C’était un véritable bouillon », faisant référence au mélange de terre et d’eau, nous expliquait ce week-end un récoltant installé dans la région de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). On observe alors un pourrissement des pieds semés, asphyxiés par l'eau. Ainsi, la météo a impacté les récoltes dès le début de la saison.

L’humidité omniprésente a pu provoquer des développements rapides de maladies, comme la fusariose, signalée à plusieurs reprises dans le Centre du pays.

En plus de la pluie, n’oublions pas aussi de rappeler que de nombreuses cultures ont été touchées par un gel tardif en avril mais aussi par plusieurs dégradations orageuses, entraînant là encore des pertes immédiates.

Une moisson perturbée par les pluies

Quand la sécheresse menaçait déjà avant l’été lors de la grande sécheresse de l’année 2022, ce sont aujourd’hui les pluies importantes qui ont provoqué de sérieuses difficultés pour la moisson cette année. La récolte a pu être ralentie dans les régions centrales, mais aussi dans l’ouest de la France comme en Bretagne.

Certains agriculteurs signalaient encore récemment des difficultés à s’insérer sur leurs parcelles agricoles avec des moissonneuses, en raison des sols très humides causés par les précipitations.

Les rendements fortement impactés par la pluie et le manque d'ensoleillement

Les précipitations très importantes depuis l’automne 2023 ont fortement limité les rendements. Sur Moisson Live, les agriculteurs aux quatre coins de la France partagent leurs résultats de moisson : rendement, qualité, taux d'humidité, etc.

Voici le bilan des résultats au 23 juillet 2024 :

Orge d'hiver

La production nationale estimée est de 7,4 tonnes, en baisse de 2,3 millions de tonnes par rapport à la récolte 2023. Le rendement moyen national est de 6,0 t/ha, en baisse d'environ 21 % par rapport au rendement moyen enregistré en 2023. Les agriculteurs déclarant Moisson Live donnent est une note moyenne de rendement de 2,2/5.

Colza

Pour le colza, les résultats sont assez hétérogènes. Ils sont par exemple meilleurs que les 5 dernières années pour la Bourgogne et l'Occitanie, mais inférieurs dans les Hauts-de-France ou la Normandie. La production nationale est estimée à 4,2 millions de tonnes, en léger retrait par rapport à 2023, avec un rendement moyen estimé à 3,2 t/ha. Les agriculteurs déclarant Moisson Live donnent est une note moyenne de rendement de 2,5/5.

Blé tendre

En blé tendre, les retours d’agriculteurs sont très mauvais et laissent craindre une récolte nationale catastrophique. La production est attendue autour de 26,5 millions de tonnes seulement (contre 35,6 Mt en 2023), avec un rendement moyen de 6,2 t/ha.

Le ministre de l’Agriculture a indiqué être prêt à débloquer un certain nombre de mesures, d’aides exceptionnelles, en cas de très mauvaises récoltes. Des annonces pourraient être faites dans les prochains jours. 

Notons toutefois que certains exploitants ont pu obtenir un rendement « très bons » dans certains champs de céréales, sans doute moins exposés aux intempéries…

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